Décédée depuis un mois, elle accouche d’une petite fille

Décédée depuis un mois, elle accouche d’une petite fille





Quelles sont les limites de la moralité et de l’éthique ? C’est une question à laquelle les médecins sont confrontés depuis des décennies, surtout lorsque la vie d’un bébé est en jeu. Mère malade et fœtus en danger, comment déterminer les chances de survie de ce dernier ? Relayée par Le Point, l’histoire bouleversante d’Idil Jimcaala nous éclaire sur le sujet.

Dans les cas de grossesses qui se compliquent, déterminer les chances de survie d’un bébé est une décision lourde de conséquences, malheureusement, des milliers de famille s’y trouvent confrontées. Prendre la « bonne » décision est un dilemme cornélien qui repose sur les épaules des médecins et de la famille…

Survie et question d’éthique

Le problème se pose généralement lorsque la mère ou le fœtus présentent des signes de maladie grave. Les médecins doivent alors évaluer la situation pour savoir de quelle manière un éventuel traitement pourrait être administré. Comme l’explique The University of Washington School of Medecine, la question majeure est de maintenir cet équilibre éthique entre traiter la personne malade et ne pas nuire à la santé de l’autre. En effet, la dyade mère-fœtus a longtemps été considérée comme un patient unique à caractère complexe. Cependant, les cas médicaux les plus difficiles s’éloignent de ce modèle d’unité liant la mère et l’enfant et donnent lieu à des considérations éthiques controversées où la santé de l’enfant est considérée de manière unique et séparée.
Face à ce dilemme, il est difficile d’identifier une bonne et une mauvaise réponse puisque dans chaque cas de figure, la santé de l’autre est en danger. Malheureusement, certains cas extrêmes impliquent d’autres considérations où l’état de santé de la mère est irréversible et la décision se porte alors sur le fœtus et ses chances de survie. En effet, comment savoir si le bébé peut survivre lorsque sa maman a perdu toutes ses chances ?

Etat de viabilité du fœtus

Les questions d’ordre moral n’en finissent pas lorsqu’il s’agit de déterminer le statut à accorder à un fœtus en cours de développement. Que ce soit dans le cas de l’avortement ou de la viabilité de celui-ci, le débat est enflammé et les prises de positions sont nombreuses et variées. En effet, chaque personne émet une opinion basée sur ses propres croyances et convictions et il est difficile, voire impossible, de trancher en faveur d’un camp ou de l’autre.

Selon Dominic Wilkison, néonatalogiste et éthicien, la santé du fœtus doit être jugée en fonction de ses chances de survie et des complications éventuelles qui pourraient suivre au niveau de la santé de ce dernier. Comme il l’explique dans The Journal of Child and Pediatric Health, certaines situations sont tranchées.Lorsque l’état de santé du fœtus est clairement bon ou mauvais, cela facilite la prise de décision concernant sa mise au monde. Là où le dilemme se pose, c’est lorsque le fœtus est dans ce que Dr Wilkison appelle la zone grise. En d’autres termes, l’état de santé du fœtus et ses chances de survie sont difficiles à identifier, auquel cas le souhait des parents est crucial dans la prise de décision.

Un bébé miracle

C’est en Italie que cette histoire avait fait la une de la presse : la naissance miraculeuse de ce bébé dont la mère était cliniquement morte. L’histoire s’est passée à Turin à l’hôpital Sant’Anna, où le corps médical avait dû faire face à un choix extrêmement difficile. En effet, Idil Jimcaala, jeune somalienne de 28 ans, souffrait d’un cancer en phase terminale et en était à son cinquième mois de grossesse.
En juillet 2010, les jours de cette jeune maman, atteinte d’une tumeur au cerveau, sont comptés et ceux de son bébé aussi. Deux mois après son admission à l’hôpital, la jeune femme atteint le point de non-retour et la mort cérébrale est déclarée. Pourtant, les médecins gardent espoir et se battent pour sauver le bébé. En accord avec Issa, mari et futur papa, ces derniers placent la mère sous coma artificiel et prolongent au maximum le développement in utero de sa future petite fille. Grâce aux machines qui maintiennent un fonctionnement correct de ses organes, la jeune maman donne sans le savoir une chance supplémentaire à la survie de son bébé.
Près d’un mois plus tard, l’état d’Idil se dégrade soudainement ; la maman est sur le point de tout lâcher. Face à l’urgence de la situation, les médecins prennent la décision de pratiquer une césarienne pour sauver le bébé.
À la grande joie des médecins et du papa, le bébé prématuré se porte finalement à merveille et n’aura eu besoin que de quelques jours de surveillance en néonatologie et soins intensifs.

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